Dionisos Ribots, si ce groupe Sud Coréen passe dans votre ville, foncez, réservez.
Je sors encore ébloui.
Dionysos Robots, ce n’est pas un spectacle, c’est une traversée.
Une cérémonie des sens, un orage de sons et de lumières où tout, absolument tout, vibre.
Au début, on ne comprend pas :
ce sont des voix sans mots, des souffles, des tremblements de cordes vocales.
Des graves qui grondent dans la poitrine, des aigus qui montent jusqu’à l’âme.
On croit que ce sont des chants, mais non — ce sont des vibrations humaines, brutes, presque telluriques.
Deux contrebasses, seules îles familières dans cette tempête sonore, m’ont servi d’ancrage.
Tout le reste semblait venir d’ailleurs, d’un monde avant le nôtre, ou d’un autre qui s’annonce.
Les sons explosent, se dispersent, se rassemblent, comme si Stravinsky avait rencontré le chaos originel.
Et puis il y a les images.
D’abord des tableaux en noir et blanc : des arbres se dédoublent, s’entrelacent, se métamorphosent en animaux d’encre.
C’est flou, presque dessiné à l’encre de Chine, d’une beauté fragile, mystique, irréelle.
Puis viennent les couleurs : des couchers de soleil, des éclats de rouge et d’or, des vibrations flamboyantes.
On croit voir la terre respirer, le ciel se consumer.
Et soudain, tout s’éteint.
Une pluie tombe.
La pluie après l’orage.
Une pluie comme une bénédiction.
Tout est pensé, composé, équilibré entre fureur et apaisement.
On est happé, envoûté, bouleversé.
Les sons, eux, restent impossibles à décrire : des sons d’un autre monde, d’une beauté à couper le souffle.