Extrait du 4eme chapitre. Le vieux veuf entre dans le monde de l'escort girl

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            C’était un ancien cinéma de style paquebot. Six portes alignées, toutes en verre ceinturées de cuivre, menaient au hall d'entrée spécialement haut de plafond. Mais ce qui frappait, c’était la décoration surabondante ruisselant d’étoffes brillantes, de couleurs criardes et d’accessoires érotiques parfois gigantesques. Il y avait là un décorum si excessivement excessif qu’alors qu'il serait passé partout pour une impardonnable faute de goût, il apparaissait ici comme une douce extravagance, une maladresse si disgracieuse qu’elle s'en trouvait bouleversante. En outre, les portes qui claquaient, les pas qui résonnaient et les rires qui éclataient donnaient l’impression qu’on se trouvait, sans qu’on pût voir les comédiens, au milieu d’un vaudeville donné dans une cathédrale baroque au centre de laquelle, les guichets composant l’ornement monumental sans quoi il aurait manqué quelque chose avaient la forme d’un phallus, une gigantesque bite montant presque jusqu’au plafond. L’énorme teub, dont le gland, à plus de trois mètres d’altitude, jetait des éclairs de lumière tout autour, abritait aussi deux personnages, une blonde balèze et une coupe mulet violette qui conversaient là plaisamment juste sous le prépuce comme si de rien n’était. La première, remarquant mon arrivée, me fit signe d’approcher tout en criant à sa voisine «C’est lui, ma chérie! Je suis sûre que c’est lui!». Son encombrante perruque blonde, son torse velu, ses paupières arc-en-ciel, ses cils extraordinairement longs, ses lèvres furieusement pulpeuses et ses grosses mains de camionneur me firent immédiatement très grande impression. Le remarquant, elle insista : «N’ai pas peur, mon lapin, on ne va pas te manger.» Comme, indécis, j’avançais, la sonnerie des cinq minutes retentit, rappelant aux traînards l’imminence du spectacle et à la grande blonde qu’il fallait qu’elle me secoue. Dans l’urgence, à cause de l’étroitesse de son officine et de l’ampleur de son propre gabarit, elle sortit en marche-arrière avant d’exécuter devant moi qui venait de la rejoindre un dangereux quart de tour sur des escarpins non conçus pour supporter une telle charge. «Tu es Patrice, n’est-ce pas ? Moi, c’est Peggy» A peine les présetations faites, elle m’attrapa comme un déménageur empoignerait un frigidaire, appuyant ensuite fortement sur ma peau les baisers qu'elle me prodiguait. Une fois les tags rouge foncé apposés un peu partout sur mon visage, elle me reposa au sol pour apprécier le résultat. Elle sourit. «Allez, tiens-toi droitet prends mon bras, que je t’installe. Zara m’a parlé de toi. » Et, droite comme un colonnel, m'emmena. La coupe mulet nous ouvrit un velours moutarde au fond du hall. La salle se révéla.

C’était un cabaret comme on imagine les cabarets. Un bar derrière, devant une scène et entre les deux, des tables rondes et des chaises confortables supportant des messieurs et des dames en beaux habits sirotant leur boisson en attendant que les rideaux rouges s’ouvrent et qu’enfin la soirée commence.


Publié le 21/09/2025 / 10 lectures
Commentaires
Publié le 23/09/2025
Bonjour Patrice, une très belle écriture, très soignée. Attention de ne pas briser l’envoûtement de la lecture par des effets de styles hasardeux qui n’ont que pour but de bousculer le lecteur alors qu’il est bien en place. Mes annotations sur les deux points qui je trouve gâchent ma lecture qui aurait pu être parfaite. A toi de voir, à plus tard.
Publié le 23/09/2025
Merci beaucoup pour tes remarques, toujours sincères sur lesquelles, très souvent, je me suis appuyé pour améliorer mes textes. ;-)
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