Infinitésimalement lointain

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Les chiffres brouillent l’âme et sous leur chair de fer

Cachent un cœur peureux qui d’un revers d’épée

Tranchent entre les mots d’une longue épopée

Avec un bruit de dents qui rappelle l’enfer.

 

Ils brisent les miroirs qui souvent ont souffert

D’une image de glace et de la mélopée

Que les cordes d’un cœur épris d’une poupée

Rongent comme du grain que le vent a offert.

 

Dans leurs couloirs obscurs des rats pris de panique

Courent de l’infini jusqu’au nid satanique

Où l’œuf de l’univers touche à l’éclosion.

 

Et si par accident ils croisent la richesse

Ils déversent alors les fruits de leur largesse

Sur des ongles laqués par la corrosion.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties @2014

 


Publié le 19/09/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 20/09/2025
Les chiffres apparaissent comme des formules maléfiques au service d’une corruption à l’oeuvre par la destitution de toute humanité, qui commence d’ailleurs par la destruction du reflet puis une longue descente aux enfers à travers les couloirs obscurs et dangers tapis dans les peurs. C’est très fort, bravo et merci du partage Francis-Etienne.
Publié le 22/09/2025
Cher Léo, Merci pour ce commentaire bien juste et qui illustre ta profonde lecture du texte. Curieusement je suis toujours attentif aux chiffres qui nous entourent, parce qu'ils semblent traduire une réalité que seul leur langue est capable de percevoir. Toute la nature est bâtie sur des combinaisons de chiffres totalement imperceptibles à notre connaissance. Ils pénètrent les moindres méandres de nos vies. Et c'est précisément là que leur poison agit subtilement. Ils échauffent nos convoitises, ils creusent nos pensées et y déposent leur puissance pour nous aveugler et nous berner. Ils sont tyranniques et nous poussent parfois au suicide, ils sont depuis toujours les sournois serpents de nos espoirs. J'ai entendu un jour un milliardaire blasé exprimer son indifférence aux nombre, en ces mots: " Des millions ou des milliards, quelle différence cela fait-il ? " Il n'y a qu'un seul nombre qui me passionne vraiment pour sa beauté poétique, c'est pi. Il contient tout l'univers, ne se laisse pas définir et pourtant il est présent à nos côtés comme un chat silencieux qui accompagne nos pas. Je collectionne depuis toujours tous les ouvrages originaux qui en parle et j'en suis toujours enchanté. Il y a même un supplément spécial du Monde qui lui a été consacré presque comme une divinité à part ! Merci Léo pour ton si précieuse présence sous mes textes et pour ton infinitésimale amitié...Cordialement, Francis-Etienne. Soudain ébouriffé par la neige d'un mot, Le silence du temps piaille avec un marmot.
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