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La Fée et la Princesse
L’Amour éveillé

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Le froid tenait encore le royaume, mais les jours semblaient plus clairs. La lumière restait blanche, immobile, pourtant elle vibrait différemment.

Ysaline descendait de plus en plus souvent jusqu’au village. Elle disait qu’elle venait observer la rivière, mais chacun savait qu’elle cherchait autre chose. Peut-être un souffle. Peut-être un visage. Peut-être simplement un endroit où son cœur ne se refermait plus.
À chaque fois qu’elle revenait, la neige semblait un peu moins lourde, un peu moins haute. Par endroits, on devinait un brin d’herbe, une pierre sombre, un fil d’eau qui glissait timidement. Comme si le royaume lui-même sentait qu’elle s’ouvrait.

Néra travaillait sur la berge, toujours au même endroit, là où la glace se fendait peu à peu. Ses gestes étaient simples, précis, et sa voix, quand elle parlait, avait cette douceur tranquille des gens qui n’ont jamais renoncé. Ysaline l’écoutait. Parfois elle l’aidait à briser la croûte de glace, maladroitement, mais avec une âme d’enfant. Elles ne se parlaient pas beaucoup. C’était leur silence qui faisait lien, un silence léger, respirable. Quand leurs doigts se frôlaient par accident, Ysaline sentait quelque chose d’inédit : un frémissement qui ne faisait pas peur. Un appel. Une chaleur qui n’était pas encore de l’amour, mais qui lui ressemblait déjà.

Un jour, Néra lui montra un petit talisman taillé dans l’écorce d'un arbre, suspendu à une cordelette.

« Je le garde depuis toujours », dit-elle. « Il me rappelle que la vie se cache même là où on ne la voit pas. »

Ysaline le prit entre ses doigts. L’objet était froid, mais son contact fit battre son cœur plus fort.

« Il te ressemble », murmura-t-elle.

Néra sourit, sans répondre.

Derrière elles, la brume tournoyait doucement. Liora, invisible, les observait. Son regard n’avait plus la lumière d’autrefois. Il était doux, apaisé. Elle comprenait que l’amour n’avait jamais eu besoin d’elle pour exister. Son rôle n’était pas d’en être la source, mais le passage.
Le vent se leva, soulevant un peu de neige autour d’elles. Ysaline leva les yeux vers le ciel. Elle n’avait plus peur du froid. Dans ce blanc infini, elle vit une promesse.
Et Liora, au loin, murmura presque pour elle-même

« C’est ainsi que la glace apprend à aimer. »

Publié le 14/11/2025 / 11 lectures
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