Dans un esprit troublé par la beauté du sable

Des images de marbre et de puissants palais

Dont les ombres ont chanté des madrigaux anglais

Fondent en sucre d’orge aux bouches d’une fable.

 

Les rougeurs de la soie et leur peur immuable

Des taches de vernis jaillissant des remblais

Remplissent les regards d’un quatrain de ces lais

Qui croupissent parfois dans un lieu pétrissable.

 

Par bris et par instant les rongeurs du grenier

Repoussent la muraille au-delà d’un cormier

Qui croît dans le désert où se baigne le sage.

 

Ne faut-il pas blâmer les êtres sans raison

Qui parfois pour quitter le chemin du rivage

Cachent leurs souvenirs dans une cargaison ?

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist 

Griffes d'orties @2014


Publié le 26/09/2025 / 7 lectures
Commentaires
Publié le 27/09/2025
Et dire que je n’ai jamais lu Shakespeare… j’ai de sacrés trous dans mon âme. Dans ton poème l’on passe du faste du palais au doute engendré par la peur qui souvent vient à corrompre tous les idéaux, et parviens finalement à tout gâcher. Et j’aime profondément ton dernier tercet qui évoque le poids que peuvent avoir les souvenirs et empêcher les êtres de se réaliser. Merci de ce nouveau partage très riche et généreux. A plus tard Francis-Etienne.
Publié le 27/09/2025
Merci Léo de suivre pas à pas chacune de mes pages et de les commenter avec autant de brio. Shakespeare a écrit tant de sonnets que je me devais de lui en tendre un de mon cru...On y trouve souvent une fine expression de l'âme humaine, où se mêle une courtoisie presque chevaleresque et le burlesque d'Aristophane. Shakespeare est un romantique qui se place à la charnière entre deux époques de la littérature. A la fois tragique dans ses pièces historiques et drôle dans ses comédies, il est à la fois Racine et Molière. Je dois dire qu'en tant que poète, j'aime beaucoup les sonnets, dont la foison me surprend tant. L'écriture du sonnet anglais est différente de celle de sonnets français, car les règle de composition ne sont pas comparables, mais elle reste fidèle au principe du sonnet, c'est à dire la musicalité. J'ai eu l'occasion de voir des comédies de Shakespeare jouées par la Royal Shakespeare Company, et je dois dire que sans le texte sous les yeux je n'aurais pas compris grand chose, tant la langue est ancienne, mais ce qui m'a frappé c'est la beauté poétique de la déclamation, ce qui confirme le caractère musical de sa langue. Quant " au poids du souvenir " dont tu relèves à juste titre l'allusion dans le deuxième tercet, il est aussi très caractéristique de certaines pièces de Shakespeare, Othello par exemple ou Macbeth. Dieu, j'ai l'impression d'un cours sur la littérature, il faut que je calme mes ardeurs ! Merci Léo pour tant de fabuleux partages ! Ton ami Francis-Etienne. Bravant l'écueil des mots le prince levantin déchire de sa bouche le brouillard du matin.
Publié le 03/10/2025
Non point, c’est enthousiasmant et c’est un plaisir que d’apprendre et tenter de comprendre à travers la pensée des autres. Merci de ta générosité et du temps offert à partager et transmettre des années d’observations et d’apprentissage. Bien à toi très cher Francis-Étienne.
Connectez-vous pour répondre